La Guilde des Protecteurs d'Yggdrasil
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 Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004)

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Tsaag

Tsaag


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Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004) Empty
MessageSujet: Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004)   Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004) EmptySam 7 Jan - 20:25

Bien le bonjour !
J'ai passé un bon moment à lire vos oeuvre !
Pourquoi pas montrer les miennes (C'est le seul forum de guilde avec un topic comme ça :p)
Voilà une nouvelle commencée il y a un moment, basée sur la mythologie grecque (la légende de Pégase et Bellerophon)

Une nouvelle assez longue, la lecture entière prend facilement un gros quart d'heure. Il s'agit d'une interprétation de la légende mythologique de Pégase à la première personne (le cheval raconte son histoire).

1. Une goutte d'eau dans la mer

Je vous voie. Vous êtes devant un écran, vous vous abîmez les yeux en fixant une multitude d'unités de couleur appelées "pixels".

Puis-je vous demander un service ? Un tout petit ? Nous sommes en hiver. Attendez la première nuit claire, et regardez le ciel.

Vous me voyez ? Vous me connaissez ? Oui, non ? De nom, peut-être ? Faisons un jeu. non, ce n'est pas un jeu d'enfant !! D'ailleurs, je pense que le jeu et la façon de traiter les animaux sont les 2 meilleurs indicateurs de votre santé.

Prêts ?

Prenez un dictionnaire. Si vous n'en avez pas, vous pouvez en trouver le net. Regardez au mot: Pégase.

Vous voyez ces définitions ?

1. Cheval ailé de la mythologie grecque, né du sang de Méduse. 2. Poisson tropical dont les nageoires ressemblent à des ailes 3. Constellation étendue de l'hémisphère Nord, dont l'étoile principale est Markab.

Oubliez-les. Vous n'êtes pas obligés, mais qui pourrait mieux raconter mon histoire que moi-même ?

2. La source

Je ne me rappelles pas de ma pré-naissance. Les chevaux ont de la mémoire, mais pas à ce point là. Ce passage, Athéna me l'a raconté.

Si vous avez du mal avec les noms, il y a un dictionnaire à la fin de cette histoire, dans les dernières pages. Mais, vous connaissez, sans doutes! Zeus: père des Dieux, maître du ciel
Athéna: Déesse de la guerre, de la sagesse et des arts. Fille de Zeus

Ils sont bizarres, les Dieux. Je les croyait infaillibles et emplis de sagesse.

Poséidon: Dieu de la mer et des chevaux, maître des océans. (Lui, c'est mon père.)

Non. ils font des choses incompréhensibles. Une profonde rivalité a toujours existé entre Athéna et Poséidon, depuis leur affrontement pour nommer la cité d'Athènes. Athéna l'emporta, et papa n'a jamais cessé de lui en vouloir.

A cette époque, les Dieux occupaient leur journée en regardant les humains. Marrant au début, mais vite lassant, oui, le problème du zoo grandeur nature, c'est qu'on finit par en connaître le moindre recoin par coeur.
Si Zeus avait eu la bonne idée de prendre pour épouse la première déesse venue (en l'occurrence, sa soeur Héra) , les autres manquaient sérieusement de matière à étancher leur divin appétit sexuel. Justement, Poséidon avait des vues sur une jolie jeune femme nommée Méduse.
Elle prétendait être plus belle que toutes les déesses de l'Olympe, un détail qui n'échappa pas à Papa. A cause de ses vieilles jambes et de son odeur de poisson (Non papa, Aïe ! Pas taper ! ) Poséidon se transforma en cheval pour suivre Méduse jour et nuit. Elle fuyait, il la rattrapait, elle refuyait... Bien loin de se réjouir de ces "faveurs divines", Méduse, en désespoir de cause, se réfugia dans un temple d'Athéna, pensant que Poséidon l'y laisserait tranquille.
Oui, mais Papa avait les organes génitaux qui courent dix mètres devant le cerveau, et, temple ou pas, il ne repartit pas avant d'obtenir satisfaction. Athéna, témoin de la scène, ne pouvait se venger sur Poséidon. Les Dieux ne se nuisent pas physiquement entre eux, (encore qu'ils pourraient) , ainsi, elle changea ma mère en un monstre horrible: Un serpent aux ailes d'or, aux défenses de sanglier, le visage couvert de barbe et les mains en bronze. Tous ses cheveux se changèrent en répugnants serpents sifflants et crachant. Son regard devint mortel, pétrifiant quiconque oserait la regarder en face.
Et il en faut, du courage !
Ces détails l'ont rendue célèbre. J'ai retrouvé des tas de statues et de peinture de ma mère dans toute son horreur. Vous autres humains n'avez retenu que cela d'elle... heureusement que je n'ai pas autant d'honneur familial que vous !

Mes deux tantes, Sthéno et Euryalé, connurent le même sort. Quoique, je ne les connais pas, et ne m'en porte pas plus mal. Désormais, on les désigna par le nom de "Gorgones" . Elles dévastèrent rapidement tout le pays. A cette même époque, un jeune futur héros nommé Persée reçut du roi de l'île de Sériphos, Polydectès, l'ordre de tuer Méduse. C'est une tradition, lorsqu'un roi veut se débarrasser d'un gêneur, il l'envoie occire quelques monstres. Ils ont d'ailleurs mit du temps, les rois, à comprendre que cette méthode n'est pas efficace.

Dans sa tâche Persée reçut l'aide d'Athéna, qui trouvait non seulement une occasion de remettre une bonne raclée à ma mère, mais aussi celle d'aider un demi-frère. Oui, Persée était l'un des nombreux fils cachés de Zeus. Une bien grande famille, celle de Zeus. Il eût 23 enfants avec des mortelles. Mais je m'égare...

Sur les conseils de sa demi-soeur, Persée échappa à la mort parce qu'il ne regarda jamais Méduse en face, simplement son reflet dans le bouclier d'Athéna. Caché par le casque (qui rend invisible), il trancha la tête de ma mère d'un seul coup d'épée (paraît-il, comment vérifier ?)

J'étouffais dans cette atmosphère putride depuis si longtemps ! Coincé entre une paroi abdominale rougeâtre noirâtre et une autre masse , remuante, froide et métallique , j'avais attendu cet instant, celui où la lumière aveuglante du soleil éclairerait la nouvelle route de mon salut. Une brèche.
La lumière.
Un point de fuite.

3. Le torrent

Rassemblant mes nouvelles forces acquises des mois durant, je m'élevais aussi vite que me le permirent mes ailes argentées. Ma mère n'était plus qu'un sanguinolent cadavre décapité. J'appris par là même l'identité de mon compagnon d'infortune: Chrysaor, le guerrier de bronze. Mon frère.

Les sources du fleuve Océan furent le lieu de ma naissance, celui que je survolais. Je leur doit mon nom: Pégé = source.

Libre.
Mais.
A la mort de Méduse ma mère, Sthéno et Euryalé, folles de rages, ne distinguèrent plus la famille de l'ennemi. Persée partit en trombe, pas avec moi, contrairement à la légende. Je venais de naître, comment aurais-je pu porter un homme adulte ? Et de toute façon, moi vivant, jamais personne ne s'assierait sur mon dos (C'est dégradant !)
Cette période me paraît bien vieille aujourd'hui. Lorsque vous avez connu la liberté, plus rien ne peut la remplacer dans votre coeur.
Libre, je visitais des tas de lieux inconnus des hommes. ja rencontrais Athéna, qui me présentait aux muses, me recommandant de rester près de ce lieu jusqu'à ce qu'on ait besoin de moi. Formidables, les Muses ! Leur montagne, l'Hélicon, est un lieu de fête permanent. J'apppris à apprécier la limpidité d'une belle musique, les joies d'un poème. Je créais une source sur l'Hélicon d'un coup de sabot.
Comment j'ai fait ?
Ah, bonne question !
C'est un secret, pas la peine d'insister ! Bon, la vérité sort de la bouche du cheval : Ces eaux transformaient en poète celui qui en buvait. Peut-être le fruit d'une curieuse alchimie entre le pouvoir de la source et celui des muses ?
Contente-toi de cette réponse !
Je malmène mes lecteurs ?
Non, ne partez pas, pardon, j'ai rien dit !
J'en fit une autre, une autre source, près de Trézène, de la même manière. Je passais chaque nuit avec les muses de l'Hélicon, subjugué par leur art, et tous les matins, je buvais à la fontaine de Pirène, quand les hommes dorment encore. Je croyais que rien n'arrêterait cette vie entre ciel et eau. Malgré tout, le temps me paraissait long... Très long Woody Allen a dit que l'éternité c'est chiant, surtout vers la fin. Mais je trouve ça chiant au début aussi.

Parfois, j'observais les hommes, caché dans les nuages. Multiples et misérables, ils avaient pourtant réduit mes semblables à l'esclavage, les sacrifiant dans quelque bataille inutile, sur l'autel de quelque divinité, les poussant à courir attachés sur une piste ovale. Je vis des centaine de chevaux mourir sous une lame, une lance, un poignard sacrificiel, un char renversé, ou tout simplement seuls au pré, achevés par le dur labeur imposé du matin au soir. Je n'avais pas peur, pourtant. Les hommes ne savent pas voler. Comment pourraient-il me voir ?

Edit : Coupé en 2 parties car texte d'origine trop long !


Dernière édition par le Dim 8 Jan - 3:18, édité 1 fois
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Tsaag

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MessageSujet: Re: Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004)   Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004) EmptySam 7 Jan - 20:41

La suite^^

4. Confluent

Pirène.
Ce n'est pas une source, c'est La Source. Lorsqu'à l'aube je m'y rendais, m'y attendaient deux merveilleux cadeaux: une eau claire et limpide, et l'autre.
L'autre ?
Je ne l'ai vu qu'ici, au dessus de Pirène. Quand je me penchais pour boire, il était toujours là, juste au-dessous de moi. J'avais essayé de le frapper, il s'est troublé pour mieux réapparaître. J'avais essayé de le sentir, je n'y ai senti que l'eau (et failli étouffer au passage).
Aujourd'hui, j'essaierai de lui parler. "Viens !" Cercle concentrique retournement cerc... Rien à faire. Soif.
Il me voit.
Je le vois.
Sa belle couleur blanche me rappellait le salut, le premier jour de liberté...

FJIIIIT !
CLAC !

Peur !!!

Je décollais.
Lui ne se décolla pas de moi. Ses membres m'enserrèrent. Je ne pouvais pas le croire. La fontaine m'avais trahie. Comme Narcisse, j'avais chu, non pas sous l'eau, mais sous un humain. Son membre antérieur droit m'étranglait. Son poids alourdit mon vol. Je passais sur un premier cumulus et piquais vers une montagne. Ma remontée en chandelle le secoua à peine, sa prise sur mon encolure se raffermit. Qui pouvait-il être ?
Je me cabrais.
L'humain glissa puis retomba lourdement sur ma croupe, en se retenant à ma crinière. il m'arracha quelques crins au passage. Contrairement à vous, je n'ai pas mal lorsqu'on me tire les cheveux, mais le simple fait qu'il ôse me mit hors de moi. Je repris de la hauteur. Quand le froid me devint insupportable, j'amorçai un piqué si rapide que le vent hurla à mes oreilles. Pure perte. Aussi collé à moi qu'une moule à son rocher, l'humain frémit à peine au cours de cette descente. il poussa même un cri immonde:

YAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHOOOOOOOOWWWWWWWWWWWWW !!!

Il m'énerve.
MAIS IL M'ENERVE !!!

Je secouais la tête.
Il tint.
Je changeais de cap.
Il tint.
Je balançais une ruade.
Il tint encore.
Trois tonneaux, un piqué, deux cabrés, une croupade et un saut de mouton.
A peine avait t'il tremblé.

Fatigué... Ses affreux membres postérieurs enserraient mes flancs comme deux serpents venimeux.
Insupportable.

Je renversais l'encolure et découvrit les dents pour le mordre. Il n'attendait que cela. A peine avais-je ouvert la bouche qu'un horrible goût métallique m'envahit. Ma tête fut prisonnière d'un entrelac doré. Une force inconnue me rejetta sur le côté. Je n'avais jamais ressenti la douleur. Je goûtais le métal, la sueur et le sang. Mon sang. La force me poussa vers le sol. L'humain. De ses deux membres antérieurs, il commandait ma volonté. Je ne pouvais plus résister. Dépouillé de tout courage, la robe immaculée barbouillée de sang et d'écume, je m'effondrais à terre. Lui se laissa glisser pour me faire face.

La fatigue, la rage, et cette atroce sensation de prison. Ma tête est enserrée de partout, sur la bouche, près des yeux, tiraillement permanent derrière les oreilles.

Je le hais.
Il me fait face.

Un humain mâle typique, avec une courte crinière alezane, pas pratique pour chasser les mouches. Recouvert d'un pelage mal lissé, transportant sur son dos vertical un gros tas d'objets hétéroclites, allant du couvercle de survie au truc qui fait Cliiiiinng, en passant par une grande toile couleur tronc.

Il hissa vers moi une patte antérieure suante. Elle me rappellait une énorme araignée égarée sur mon oeil un jour d'automne. Berk ! Impossible d'y échapper. A peine m'étais-je détourné que l'entrelac doré me cogna les dents. Vous ne pouvez pas comprendre cette douleur, vous autres humains ! Ah, si, vous pourriez mettre une cuiller en argent au congélateur quelques jours avant de la lécher...

J'ai mis plus tard un nom sur cet instrument de torture. Le mors.
Comme la mort, mais au masculin. Mon souci immédiat, cependant, demeurait cette patte qui se posa négligemment sur mon chanfrein, pile entre mes deux yeux. La patte effectua plusieurs allers et retours entre mon front et mes naseaux, mais, à ma propre surprise, ce n'était pas désagréable. Pas du tout. Je fermais les yeux, vaincu par ce contact chaleureux, le seul que j'aie jamais connu. Oubliée la peur, oubliées, mes souffrance, même l'affreux mors me parut insignifiant en comparaison. Ma vie jusque là n'était qu'une erreur. J'avais toujours été seul, différent des chevaux incapables de voler, différent des oiseaux insouciants et légers, différent des Dieux au pouvoir élevés.

Avec pour seuls témoins les herbes folles d'Hélicon, j'accordais toute ma confiance à Béllerophon, fils de Glaucos.

Bellérophon, descendant d'une lignée de rois maudits, était le petit-fils de Sysiphe (Vous savez, celui qui montait toujours le même rocher en haut d'une côte) et le fils de Glaucos, un roi qui nourissais ses chevaux de chair humaine pour les rendre plus combatifs.
Il naquit à Ephyre, qui devint plus tard la ville de Corinthe. En lissant ma crinière blanche, il poursuivit son histoire :

-Glaucos, mon père, est mort il y a deux ans. Il est tombé dans la mangeoire de ses chevaux et... on n'a retrouvé que ses os.

Berk ! Quelle horreur ! J'ai essayé de manger de la viande une fois, c'est vraiment dégueu...hein ? Respect des morts ? De quoi ? Ah, oui, pardon à la victime, tout ça. Bellérophon continua à me raconter sa vie. C'est d'un psychanaliste, qu'il avait besoin, pas de moi ! Ah: Ca n'existait pas à l'époque.

"-Peu de temps après, j'ai tué le tyran de Corinthe, Belléros. On m'a banni de la ville et envoyé chez le roi de Tirynthe, Proétos, pour me purifier. J'ai mangé à sa table, bu dans ses verres, et rencontré sa fille. Sthénébée. Le lendemain, elle..."

Marrant, il est tout rouge le Bellérophon.

"Elle ... enfin, je ne voulais pas d'elle. Puis, Proétos m'a envoyé porter une lettre à Iobatès, le roi de Lycia. J'ai mangé et bu une semaine à sa table, avant qu'il ne se décide à lire la lettre. C'est alors qu'il m'a ordonné d'abattre la Chimère, et de ne pas reparaître avant que ce soit fait. Je ne savais pas comment faire. Le devin Polydès m'a conseillé de sacrifier un taureau à Poséidon et de passer une nuit dans le temple d'Athéna. Je l'ai fait et, à mon réveil, je possédais la bride d'or."

-La bride d'or ? Petit tricheur !

En une semaine, j'appris à me laisser guider par Bellérophon. Ah, ce n'était pas bien difficile, se laisser guider, et j'avais une telle horreur du mors que j'anticipais ses gestes pour éviter un cognement dans les dents. Cependant (Vous allez dire que je me plains tout le temps, mais vous avez déjà porté un humain sur votre dos, hein ? Comment ? Dans le ventre ? BEURK ! ) Cependant, entre les jambes se balançant de chaque côté (j'ai un regard latéral, si bien que je les vois toujours ces jambes) les déséquilibres, l'effort fourni par un poids supplémentaire et les liens en cuir qui font mal, ce fût un rude travail ! Sans compter la veille de notre combat, où Bellérophon sortit ivre mort d'un bar Hellénistique. Pardon, d'une taverne. Dans un état second, il me confia le but réel de notre mission:

-Nous devons tuer la Chimère.
La quoi ?
-C'est un monstre de 3 mètres de haut.
Tiens, J'ai mal au ventre, tout d'un coup !
-Doté de 3 têtes plus terrifiantes les unes que les autres.
J'ai dû manger trop d'herbe.
-Une de lion rugissant.
Ou alors, c'est la luzerne.
-Une de bouc nauséabond.
J'y suis ! Ce pré était plein de colchiques !
-Une de dragon cracheur de feu.
Les colchiques donnent la colique.
-Il est impossible de l'approcher, c'est une fournaise permanente.
La colique ! C'est horrible ! Je vais mourir !
-Heureusement, j'ai un plan.
Oui, rester à l'Hélicon, Eeeeh, EEEHH !!! Tu n'oserais pas monter un cheval malade ! Que dis-je, un cheval mourant, non, hein ! TU NE PEUX PAS FAIRE CA !!!!!!

Deux jours plus tard, Bellérophon me rejoignit, portant le rapport de notre exploit. Je ne sais toujours pas lire, mais voici la forme francisée de ce poème:

"Récit des exploits du grand Bellérophon" "Par Amphorias, poète"

"Le grand Bellérophon, auréolé de gloire"
"Le seul qui sur Pégase parvint à s'asseoir"
"Son glaive quasi-divin est la marque de l'espoir"
"son corps d'Apollon rayonne au feu du soir"

"L'infernale Chimère, Fléau de nos contrées"
"Allait bien rapidement tomber dans ses rets"
"Tirant son glaive pour se jeter dans la bataille"
"Le héros la marqua d'une profonde entaille"

"Le monstre déchaîné souffla un feu mortel"
"Paré par bouclier de ce héros aux ailes"
"Dans un second assaut notre héros trancha"
"D'un seul geste la tête lion de haut en bas"

« A la troisième attaque, la danse de cette lame »
« Tailla la tête de bouc du cou jusqu’à l’âme »
« Le guerrier magnifique, dans un dernier effort »
« Vit le monstre brûlé s’abattre une fois, mort »

Si j’avais su parler, j’aurais hurlé. A défaut, je renâclais. Vous me voyez au corps à corps avec un carnivore géant pyromane ? Jamais de la vie ! J'avais bien trop peur. La légende dit que Bellérophon trancha ses trois tête au glaive une par une. C'est faux. Il l'a criblée de flèche, pendant que je planais tranquillement dix mètres au-dessus. Il fallut une demie heure pour que la Chimère, transformée en hérisson mutant, s’abatte sous des centaines de dards acérés. Mais l'arc, c'est une arme de pleutre. Et de femme. Une arme qui ne sied pas à Maître Bellérophon, l'égal des Dieux !

5.Affluents

Nous étions célèbres. Enfin, lui, pas moi. Il me consacra de nombreuses visites, passablement éméché, suivi par des hordes de femelles hurlantes. On m'avait enchaîné à un anneau, lui-même fiché dans un mur de pierre. Je commençais à regretter...sans les caresses sur le chanfrein, les gratouilles du garrot, à quoi bon vivre chez les humains ? Ils sont bruyants, imbus d'eux même, ils s'assoient sur vous, vous cognent les dents, vous cognent les flancs, vous remercient par quelques tapes "amicales" 'plaf-plaf-plaf' avant de vous réattacher, par simple précaution. Chaque fois que je vis Bellérophon,

il semblait pourtant si heureux que je lui pardonnais sa négligeance.

L'ombre au tableau: Iobatès était encore tenu de l’éliminer, par engagement envers un autre roi, un truc sérieux comme vous seuls, les humains, pouvez en imaginer ! Iobatès nous dépêcha dans une guerre contre les Solymes, alliés des Amazones, un peuple correspondant bien au mot« barbare » : Sales, désorganisés, sadiques. Nous surprîmes d'ailleurs un couple dans une bauge, en train de forniquer, et un tir très bien placé de mon cavalier (toujours éméché) se logea sous les organes génitaux du barbare, qui y perdit sa seconde raison de vivre (la première étant « tuer », bien sûr !) Les sauvages furent rapidement mis en déroute, Bellérophon s’habituant bien vite à tirer au centre des groupes (Là où il voyait 2 ou 3 Solymes, en général, il n’y en avait qu’un.)

Notre expédition suivante fût une guerre contre les Amazones. Jai vraiment eu peur : Oui, je vole, mais elles ont aussi des arcs, et n’eût été ma rapidité, j’y aurais laissé plus que quelques plumes. Contre toute attente, Bellérophon abattit un grand nombre de ces femmes, qui abandonnèrent devant un "phénomène divin".

Pour la troisième fois, nous revenions en pleine forme à la cour de Iobatès. Ces expéditions répétées me faisaient le plus grand bien : je ne sentais même plus le poids de Bellérophon en vol. Pour notre quatrième mission, Iobatès nous demanda de rencontrer un certain « Acrisos » non loin de son palais. Il nous recommanda de bien venir la nuit, sans bruit, et sans armes, mais à peine avais-je posé un sabot au sol que 4 humains se jetèrent sur nous. Je vous passe les détails: Deux crânes fracassés, cinq mètres de boyaux sur le sol, de la matière grise palpitante... mon premier vrai cours d'anatomie.
Bellérophon avait finit par comprendre que Iobatès voulait notre mort (C'est pas trop tôt !!), car notre cinquième mission, contre des pirates Cariens (côte de Carie, rien à voir avec les dents), s'acheva par une poursuite contre la garde royale. Evidemment, ces minables homo-armurus et leurs equus caballus normaux ne suffiraient jamais, malgré leur nombre, à m'arrêter ! (Ah, j'ai les chevilles qui enflent)

Alors que nous survolions une plaine, Bellérophon m'ordonna d'atterir et me renvoya. Qu'avait-il derrière la tête ? La plaine s'inonda sur le passage de Bellérophon. Bien sûr ! Une prière à Poséidon ! La garde, pataugeant dans la fange, finit par lâcher pied. Alors que les hommes battaient en retraite, et que nous croyions notre victoire acquise, les femmes de la région s'avancèrent face à nous, sur la terre sèche. Des centaines de femmes ! Elles relevèrent leur robe pour ne pas les mouiller, revelant deux jambes roses et frêles. J'ignore pourquoi, mais Bellérophon devint tout rouge et se retourna, provoquant le repli des eaux sur les jambes, les robes, et tout ce qu'il y a dedans (Chais pas, moi, j'ai jamais regardé !) Face à se prodige, Iobatès n'eût d'autre choix que de reconnaître la nature divine de Bellérophon. Il lui offrit sa fille Philonoé en mariage et, à sa mort, Bellérophon devint roi de Lycia.
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Tsaag

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Date d'inscription : 06/01/2006

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MessageSujet: Re: Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004)   Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004) EmptySam 7 Jan - 20:41

(suite et fin)

6. Un long fleuve tranquille

Bellérophon eût trois enfants: Hippolochos, Isandros et Laodamie. Entre ses devoirs de roi, sa famille, ses beuveries et son égo, il ma consacra le plus de temps possible. J'eus droit à une écurie personnelle aux portes incrustées d'or, à des milliers de fans et à des offrandes quotidiennes: pommes, carottes, pièces d'or (m'en fiche, ça ne se mange pas !) sans compter ce jeune homme qui crut me faire plaisir en m'amenant une bride incrustée de pierres précieuses... il doit garder un cuisant souvenir de mes postérieurs dans sa bidoche... Pourtant Bellérophon en voulait toujours plus. Plus qu'un roi, il se considéra peu à peu comme un Dieu. Et il ne semblait pas heureux de sa condition...
Roi adulé, marié à une femme merveilleuse, père de 3 enfants, propriétaire d'un immense palais, ami de la plus belle création des Dieux (moi) que manquait'il ? Nous fîmes un voyage en Argos, retrouver Proétos et sa fille Sthénébée, celle là même qui avait calomnié Bellérophon (en prétendant qu'il l'avait violé, pffft, vous en faîtes des histoires pour bien peu !) Lui déclarant un amour fou, Il invita Sthénébée à monter sur moi (Merde, te gênes pas, c'est pas toi qui la portes, elle et ses grosses fes...) au prix d'un effort considérable, je la hissais à 200 pieds, puis mon cavalier la précipita dans la mer. On raconte que son corps disloqué fut retrouvé par des pêcheurs et ramené en Argos...

Ca n'allait pas mieux. Il redécora son palais pour approcher au mieux l'Olympe. Il invita des philosophes, pour d'innombrables discussions théologiques, dont les bribes ne m'échappèrent pas:

Philosophe: -Il y a une immense frontière entre l'humain et le divin. Eux sont en haut, nous en bas. Ils jouent avec nos vies. Nous subissons leur courroux.
Bellérophon: -Non. Ils ne peuvent ni m'atteindre ni me tuer, moi. J'ai dompté Pégase, vaincu leur créature, et aujourd'hui je dirige ce pays. Je règne sur des centaines de personnes, je décide de leur vie ou de leur mort. Quelle différence ?
Philosophe - Les Dieux ne règnent pas sur une province, mais sur le monde entier. Ils sont omniscient et omnipotents.
Bellérophon -Je pourrais conquérir le monde à moi tout seul !
Philosophe: -Ne mentez pas: Vous ne parvenez plus à contenir les Solymes à nos frontières; Ils envahissent la contrée, tuent nos femmes, et ...
Bellérophon -Je les écraserai
Philosophe -Les amazones ont ravagé les villages de l'est
Bellérophon -Je les anéantirais, jusqu'à la dernière !
Philosophe -Vous n'êtes qu'un humain, puissant certes, mais rien de plus. Si vous êtes Dieu, prouvez le moi en allant vivre sur l'Olympe !

pourquoi cherchent ils à s'élever en écrasant les autres ? Las, j'arrangeais la paille de ma litière pour dormir. Il est de notoriété publique que les chevaux dorment debout; ce n'est pas tout à fait vrai. Nous pouvons somnoler debout, mais le sommeil profond nécessite de s'allonger complètement, sur le flanc. Nous ne dormons ainsi qu'une heure par jour (surtout moi, car si un humain ou une créature carnivore me surprenaut dans cette position, ce serait dangereux). Par chance, Bellérophon me fit construire un box assez grand pour cinq étalons de trait, mais certains chevaux domestiques n'ont même pas la place de se coucher.

Je fus réveillé en sursaut d'un bon coup dans les cervicales. Quel crétin ! M'allonger près de la porte, je l'ai cherché ! Bellérophon. Il me harnacha à la hâte. Sans réfléchir, je décollais de l'écurie, trop heureux de cette détente improvisée. Chaque battement d'aile rendait plus petites les maisons de Lycia: Une mosaîque immense bientôt invisible, voilée par les nuages. J'avais peur. Une espèce d'appréhension indéfinissable. Bellérophon me fit prendre de la hauteur, encore, toujours plus haut. je m'élevais presque à la verticale, malgrés des douleurs naissantes à l'attache alaire et le frottement du cuir.

Nous nous dirigions vers une immense montagne. Le mont Olympe (Je l'appris plus tard, la demeure des Dieux !!) Ascension difficile. Un vent contraire m'envoyait des crins dans les yeux, et les 80 kilos de cavalier + équipements ne facilitaient pas ma tâche. Béllerophon se comportait en plus de manière étrange. Quand nous combattions la Chimère, il ne cessait de m'encourager. Là, il ruminait pour lui même des phrases emplies de haine.

-Je suis un Dieu, je suis un Dieu... ils vont voir... ils vont voir...

Une bourrasque nous ballota de droite et de gauche, l'effort pour nous rétablir paralysa mon aile gauche. Ce poids ..! Mais je crus apercevoir le sommet ! Nous avions réussi ! réuss...

Une douleur terrible me transperça la croupe. Comme une gigantesque épine pénétrant cuir et chair! Je veux y échapper ! C'est insupportable ! Jamais on ne m'a fait si mal ! Douleur ! Cesse, cesse ! Non. Le coupable est posé sur moi, son dard toujours planté. C'est un monstre avec six pattes, d'énormes yeux rouges, deux ailes transparentes et mesurant deux centimètres

Un taon.

Le mal perdure bien après sa piqûre. Je ne peux penser à rien d'autres que cette douleur. Douleur, il est trop tard pour Bellérophon. J'ignore quand il est tombé, on ne voit plus rien au travers du plafond nuageux. Sans doute s'est il déjà écrasé au sol. Trois mille mètres plus bas.

Quelle légèreté soudaine ! Je plane ! Douleur et fatigue ne sont plus.

Ce que j'aperçois éclipse tout le reste. Comment le décrire ? Palais au dessus des nuages ? Paradis ? Je suis un cheval, et la beauté ne signifie rien pour moi, mais ça ? Des gens ce sont approchés et m'ont soigné. Etaient-ce des Dieux ou leurs serviteurs ? Peu importe. Cet endroit n'a pas d'égal. L'eau est la plus pure, le foin le plus goutû du monde. J'ai de nouveaux voisins d'écurie, pas de stupides chevaux de guerre, mais des cousins célestes : Aréion, un demi frère, le plus rapide à la course. Les coursiers ardents du char du soleil. Deux étalons pies très bavards chargés d'aider les mortels...

Désormais, j'appartenais à Zeus. Je gardais ma liberté en échange de quoi, les Dieux me confièrent de nombreuses tâches : Amener les éclairs et le tonnerre de la forge d'Héphaïstos au palais de Zeus, transporter les muses sur l'Hélicon, accompagner le dieu de l'amour, Eros (C'est pourquoi, paraît-il, je suis devenu un symbole romantique)
Pour rien au monde je ne quitterai ce lieu !
Quand à Bellerophon... J'appris qu'il avait survécu à la chute. Près de 3000 mètre, un exploit ! Mais désormais estropié et déchu de son royaume, son malheur s'étendit à sa famille: Isandros fût tué au combat contre les Solymes, Laodamie mourut peu après. Mes dernières attaches avec le monde des hommes, disparues ! Un temps infini pour se baigner de nuages, s'abreuver de pureté, découvrir le monde ! Un temps infiniment long... à cotoyer sans cesse les mêmes personnes. Etonnant comme, même possédant tout ce que l'on voudrait, l'on désire toujours plus, du changement ? D'autres horizons ? Le temps passa en même temps que grandit mon problème. Zeus le comprit facilement, il n'existait qu'un remède. La mort. Pour la plupart d'entre vous, je suis devenu une constellation d'étoiles.
La vérité est-elle importante ?

DICTIONNAIRE:
Amazones: Femmes guerrières vivant en Asie mineure (de l'autre côté de la mer noire) soit près de Lycia.
Aréion: Etalon fils de Démeter et de Poséidon.
Athéna: Déesse de la guerre, de la sagesse et des arts.
Bellérophon: Héros triomphateur de la Chimère, seul humain à avoir monté Pégase.
Iobatès: Roi de Lycia, père de Philonoé
Méduse: belle jeune femme changée en monstre par Athéna
Pégase: moi
Persée, fils de Zeus et de Danaé, a abattu la gorgone Méduse.
Philonoé: Fille de Iobatès et épouse de Béllérophon, reine de Lycia Poséidon, Dieu de la mer et des chevaux
Proéthos: roi de Thyrinthe
Solymes: peuplade primitive de la mer Noire.
Sthénébée: Fille de Proétos Zeus, roi des Dieux et maître du ciel))
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Melkor
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MessageSujet: Re: Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004)   Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004) EmptyDim 8 Jan - 1:47

Clap clap clap !
J'ai vraiment adoré !

J'aime beaucoup la façon dont c'est écrit. Ca me fait un peu penser (j'espere que c'est un compliment pour toi) à du Bernard Werber. Peut etre parceque j'ai lu le souffle des Dieux il n'y a pas si longtemps que ça, mais on y retrouve un peu le meme style narratif.

Si tu en a d'autres n'hésite pas à les poster stp ! Et bienvenue sur notre fofo !
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Tsaag

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MessageSujet: Re: Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004)   Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004) EmptyDim 8 Jan - 3:16

Et bien, à vrai dire, j'ai été modéro du forum officiel de Werber quelques mois, et j'ai participé à certains de ses colloques. J'applique aussi ses conseils d'écriture pour rédiger mes z'histoire Smile

Sinon, ce qui me plait le plus dans la rédaction de ce genre de nouvelles, c'est de se mettre à la place d'un animal ou autre. Les points de vue humains m'ennuient à force :p
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Melkor
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MessageSujet: Re: Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004)   Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004) EmptyDim 8 Jan - 3:58

Fan de werber ! J'aime ça !
Je ne m'étais donc pas trompé^^
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MessageSujet: Re: Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004)   Le maître Etalon (Nouvelle de juin 2004) Empty

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